Cours de Jeu de Carte #13 : La relance

Souvenez-vous du théorème fondamental de Sklansky, qui expliquait que pour gagner au Poker, il fallait pousser l’adversaire à jouer de la façon inverse qu’il le ferait s’il avait connaissance de vos cartes. Pour ce faire, différentes attitudes sont préconisées. La relance est l’une d’elles. Cette leçon expliquera en profondeur les objectifs de la relance, ainsi que son étroite liaison avec la théoreme fondamental du Poker. Pour simplifier la chose, nous résumerons en sept points les raisons pour lesquelles un joueur relance une mise : pour faire sortir un maximum d’adversaires, pour bluffer, pour faire grossir le pot, pour se renseigner sur le jeu des joueurs adverses, pour obtenir une carte gratuite au tour suivant, pour éliminer les mains plus basses si vous n’avez que la deuxième meilleure main et pour éliminer les supérieures si une main à tirage se manifeste. La leçon entière consistera à analyser, en profondeur et point par point, tout les objectifs de la relance pré-cités.

Relancer pour…

Faire sortir un maximum d’adversaires

En relancant dans cet objectif, concrètement, vous ne faites que réduire la cote du pot des joueurs adverses, parfois jusqu’à les pousser à suivre alors qu’ils devraient jeter leur main. En réalité, réduire leur cote du pot signifie que vous diminuez la somme qu’ils peuvent gagner par euro misé. Voyons ce fait avec un exemple. Dans une partie dont le pot contiendrait 100 euros, un joueur fait une mise de 10 euros que vous suivez à votre tour. La cote du pot de celui qui parle après vous est donc de 12 contre 1. En revanche, si au lieu de suivre vous aviez relancé de 20 euros, il devrait miser le double pour espèrer gagner. Ainsi, vous avez quasimment réduit de moitié sa cote du pot (elle est à present de 6,5 contre 1, ou 130 contre 20). Cela le poussera à passer alors qu’il aurait pû suivre : selon le théoreme fondamental, votre objectif est atteint.

Analysons un second exemple, cette fois-ci de Poker fermé, pour démontrer le fait que relancer réduit la cote du pot de l’adversaire. Imaginons que vous possédiez une couleur servie, le joueur qui vous précède n’a rien, celui qui vous succède a deux paires, sa cote d’amélioration au full étant de 9 contre 1, il l’obtiendra environ une fois sur dix (supposons, pour cet exemple, même si cela est impossible en pratique, que vous ayez connaissance exacte du jeu des autres joueurs). Les mises sont limitées à 10 euros et le pot en contient 100. Le joueur qui n’a rien veut voler les antes et le pot, il mise 10 euros, il est certain que si vous relancez, il passera. Si vous suivez, le joueur qui a les deux paires suivra aussi. Au total, vous pourrez donc gagner 120 euros plus les possibles mises des tours suivants, alors qu’en relancant vous gagnerez immédiatement les 110 euros du pot. Même si vous y gagnez moins, la meilleure des choses à faire est de relancer.

Examinons, pour comprendre, les différentes possibilités. Le joueur qui a les deux paires est outsider à 9 contre 1, si vous suivez, sa cote du pot est 12 contre 1, plus son espérance positive : il devrait suivre. Il va perdre 10 euros neuf fois sur dix (90 euros au total), et en gagnera 120 une fois sur 10, son profit s’élève donc à 30 euros. Hors, comme l’explique le théoreme fondamental de Slansky, chaque fois qu’un adversaire fait un pari gagnant comme ici, cela vous côute de l’argent. Voyons ce qui se passe si vous relancez au lieu de suivre. En relancant de 20 euros, vous faites tomber sa cote du pot à 6,5 contre 1, comme expliqué plus haut. Cette fois, il ne devrait plus suivre. S’il suit quand même, le vent tourne en votre faveur, car toujours selon le théoreme fondamental, quand un adversaire fait une erreur, cela vous profite. Vous avez modifié sa cote du pot dans votre intérêt. En revanche, même si vous aviez relancer pour le boutter hors du coup, il est dans votre intérêt qu’il suive. Examinons les différentes possibilités sur un total de dix coups.

Vous suivez,et le joueur qui a les deux paires en fait de même : neuf fois sur dix, vous serez gagnant. Vous perdrez donc 10 euros une fois, et en gagnerez 120 neuf fois. Soit un gain net de 1070 euros.

Vous relancez le joueur précédent, celui qui a les deux paires abandonne. Vous gagnerez les 110 euros dix fois sur dix (au total, 1100 euros).

Vous relancez le joueur précédent, celui a les deux paires suit. Vous gagnerez 130 euros neuf fois sur dix (110 du pot plus les vingt de mises suivie). Une fois sur dix, vous perdrez 20 euros. Soit un gain net de 1150 euros.

En somme, avec cette troisième possibilité vous gagnez 80 euros de plus qu’avec la première. Prenons le gain net de 1100 comme la norme, puisque dans ce cas, vous et vos adversaires jouez exactement comme vous devez le faire. En conclusion, quand vous jouez de cette façon vous perdez 30 euros sur dix coups, et en gagnez 50euros si l’adversaire ne joue pas comme il le devrait, c’est à dire s’il suit votre relance.

Quand vous faites une relance dans l’objectif de sortir un ou plusieurs adversaires du coup, nous avons vu que cela réduisait sa côte du pot. Parfois, c’est simplement pour le pousser à jeter sa main. Mais si vous réduisez sa cote du pot de facon plus conséquente, c’est pour le voir suivre votre relance alors qu’il devrait se coucher, et ce quand vous êtes sûr de le battre à la sortie. Et c’est tout bénef pour vous, puisque vous devez pousser l’adversaire à comettre une erreur. Son erreur constitue votre gain.

Pour faire un bluff pur

Rappelons que le bluff pur consiste à relancer avec une main qui n’a aucune chance, ou quasimment pas, de gagner le pot à la sortie. C’est en fait une action de jeu tellement risquée qu’il ne faut la pratiquer que très peu. En général, on n’exécute un bluff pur qu’après la river, par exemple, en Hold’em, c’est à dire quand il ne reste plus aucune carte à sortir, si on n’a pas touché la main que l’on espérait et que l’on veut voler le pot. Cette attitude n’est probante, paradoxalement, que face a un joueur chevronné. Les joueurs peut expérimentés auront tendance à suivre n’importe quelle relance, avec n’importe quelle main, sans prendre en compte tout les facteurs de la décision.

La relance qui a pour objectif de bluffer purement est le plus fréquemment vue dans les parties dont les limites ne sont pas fixes, les no-limit. Dans ce type de parties, les joueurs les plus réputés usent souvent du bluff pur pour voler le pot au dernier tour d’enchère. Les particularités du bluff pur seront expliquées plus en détails, car c’est une attitude difficile à manier, dans les leçons 18 et 19.

Pour semi-bluffer

La différence avec le bluff pur, rappelons-le, c’est qu’avec le semi-bluff, notre main à toutes ses chances d’améliorer. On semi-bluffe parce que, sur le moment, notre main ne vaut rien, mais elle peut être complétée avec le tirage. On semi-bluffe donc quand il reste des cartes à sortir. La relance de semi-bluff est un moyen d’agir contre un adversaire qui semi-bluffe lui-même. Cela permet de le pousser à jeter sa main. Mettez vous à la place du semi-bluffeur qui tente de faire passer son adversaire, si celui relance, pour ne pas perdre de l’argent inutilement avec une main qui n’en vaut pas la peine, vous allez surement vous coucher. Mais attention, si le joueur contre qui vous relancer en semi-bluffant suit votre relance, jetez votre main, car il ne bluffait surement pas. Alors, l’intérêt d’avoir relancer est que vous obtenez de l’information à la fois sur son jeu actuel, et sur sa façon de jouer, ce qui peut vous servir aux coups suivants. Vous pouvez de plus, s’il checke, checker a votre tour et ainsi vous faire offrir une carte gratuite. S’il suit avec une main de moins bonne valeur que la vôtre, vous aurez augmenté le montant du pot que vous gagnerez à la fin du coup. En somme, relancer pour semi-bluffer, même si cela ne pousse pas l’adversaire à jeter sa main, comporte un bon nombre d’avantages.

Pour faire grossir le montant du pot

C’est en fait l’objectif premier de la relance, dans le cas où vous possédez la meilleure main. La relance est évidente dans ce cas, en fin de coup, au dernier tour d’enchère où vous vous trouvez le plus souvent face à un seul joueur. Pour les tours d’avant, la décision de relancer doit être prise en compte avec plusieurs facteurs, que vous trouverez aux leçons 8 et 15. Pour résumer, les deux éléments principaux qui doivent guider votre choix dans le fait de relancer ou non dans les premiers tours d’enchères sont votre niveau de jeu ainsi que le montant que comprend le pot.

Plus la valeur de votre main est élevée, plus il faudra relancer tard. En effet, même ci cela peut sembler paradoxale, il y a une logique toute simple. Si vous relancez tôt avec une très bonne main, les adversaires peuvent passer s’ils craignent votre main ou si leur côte de pot n’est pas assez bonne pour vous suivre. Hors, cela vous fera remporter un pot moins élevé que si vous aviez joué plus finement. Vous devez les faire suivre quand cela est pour eux, une erreur, conformément au théoreme fondamental. Certains adversaires ont des côtes qui les poussent à ne pas suivre une ouverture et à passer, mais à suivre une relance, paradoxalement. C’est contre eux que vous pouvez relancer tôt. Vous devez leur soutirer le maximum de mises quand vous êtes sûr d’avoir la meilleure main, et ce à volonté. C’est une attitude qui n’a pas de limite. Elle peut fonctionner à tout les coups, comme il peut y avoir quelques ratés.

Plus le montant du pot est elevé, moins il est nécessaires de sous jouer des mains de fortes valeurs, et plus vous devez faire votre possible pour élever la somme que contient le pot. Un gros pot fournit une cote suffisante aux adversaires pour suivre, et tenter de rester, coute que coute, jusqu’à l’abattage. Donc, même si cela implique que la valeur de votre main soit révélée au grand jour, il ne faut pas hésiter à relancer pour les faire sortir du coup.

Autant qu’il est possible de relancer pour faire grossir le pot, l’on peut suivre une mise dans le même objectif. On appelle cette attitude l’overcall, qui consiste à suivre au lieu de sur-enchérir, pour tirer un maximum d’argent des mises adverses. Voyons cette tactique de jeu en pratique, grâce à un exemple. Lors d’une partie, nous en sommes au dernier tour d’enchères. Vous pensez que la main du joueur qui vous précède ne peut battre la vôtre. Il ouvre pourtant. Si vous relancez sa mise, il paiera, et c’est tout à votre avantage. A l’inverse, s’il sur-enchérit votre relance, cela pose problème. D’autant que les deux autres joueurs qui vous succèdent suivront si vous suivez, et passeront si vous relancez. En combinant tout les paramètres de cette situation, il en ressort qu’il n’est pas dans votre intérêt de relancer. Suivre est le meilleur des choix. Ainsi, vous ajoutez au pot les mises des joueurs qui vous succèdent, tandis qu’ils n’auraient pas suivi si vous aviez relancé. En plus de cela, si vous aviez relancé, un joueur aurait peut etre sur-relancé, ce qui vous aurait poussé à jeter votre main et ainsi à perdre et le pot, et les mises que vous avez engagées (il en va de même si vous perdez l’abattage).

Nous avons donc vu que la relance n’est pas automatique. Quand votre main est meilleure que celles qui vous succèdent, mais qu’elle a une chance d’être moins bonne que celui qui ouvre la mise, contentez-vous de suivre. Inversemment, si ce sont les joueurs qui vous succèdent qui ont une meilleure main, et celui qui ouvre qui a la moins bonne, il est plus favorable de relancer pour bouter les adversaires aux mains supérieures hors du coup.

Pour se renseigner sur le jeu des adversaires

Faire une relance dans ce but est risqué et pas toujours efficace, c’est donc une tactique à utiliser avec modération et précaution. Et même, le mieux à faire est de considérer cela non pas comme un objectif de la relance, mais comme un bonus que vous obtenez en relançant, un petit plus, dans la grande majorité des cas. On peut bien sûr voir cela comme un objectif, le plus souvent quand vous n’avez plus qu’un seul adversaire et ce uniquement lors du premier tour d’enchère. Mais attention, l’utilisation de la relance pour lire le jeu de l’adversaire ne sera effective que si l’adversaire y répond, sans quoi vous n’aurez aucune information sur sa main.

Quelles réponses la relance peut-elle vous donner? Vous relancez… S’il sur-enchérit, sa main est certainement de très bonne valeur. S’il se contente de suivre, sa main peut-être bonne, mais sans plus. S’il passe, sa main n’en valait évidemment pas la peine, elle devait être faible, voire nulle. Prenez garde aux joueurs chevronnés qui peuvent effectuer une relance de semi-bluff pour contrer votre mise, dans ce cas, sa réponse ne signifie rien puisqu’elle ne correspond pas à la valeur réelle de sa main.

Voyons l’utilité de ce type de relance dans un coup de Stud à 7 cartes, dont l’exemple début au deuxième tour de mises. Admettons que votre main comprenne une paire de Roi, l’adversaire détient une paire de 9, vous relancez, il sur-enchérit. Vous jetez alors votre main car vous pensez qu’il possède un brelan de neuf (sinon, pourquoi relancerait-il une paire plus forte que la sienne?). La relance que vous avez faites vous a donc permis de savoir qu’il possédait probablement une meilleure main, et vous évite ainsi de perdre de l’argent aux tours de mises suivants (d’autant plus qu’en Stud, dès le troisième tour, les mises doubles). Dans cet exemple, la réponse de l’adversaire à votre relance vous a donné une information très précise sur son jeu. Hors, les réactions ne sont pas toujours aussi limpides. S’il s’était contenté de suivre, vous ne vous seriez peut être pas douté qu’il puisse posséder une main meilleure que la vôtre. C’est pourquoi, répétons-le, le plus souvent, l’information sur le jeu de l’adversaire ne doit être considérée que comme un « bonus » apportée par la relance.

Pour obtenir une carte gratuite au tour suivant

Parfois, lorsque vous relancez en semi-bluffant, un joueur va suivre votre relance. C’est ici qu’il vous donne l’occasion de vous offrir une carte gratuite (voir leçon n°10) au tour d’enchère suivant. Il est deux facteurs que vous devez prendre en compte lorsque vous décidez de relancer dans le but de vous faire offrir une carte gratuite.

Le prix de la relance

La plupart du temps, quand vous relancez, c’est parce que le coût de la relance est bien moins cher que les mises des tours d’enchères suivants. Prenons l’exemple d’une partie de Hold’em à 10-20 euros. Disons que l’enchère double dès le turn. Dans une telle situation, il serait judicieux de votre part de relancer de 10 euros par exemple au flop. Ainsi, aux tours suivants, vous n’aurez pas à engager 20 euros de mises pour suivre l’adversaire au turn.

Votre position dans le tour de parole

L’obtention d’une carte gratuite n’est possible que si vous êtes le dernier à parler (autrement, c’est vous qui l’offrez aux adversaires qui vous succèdent). De plus, si vous checkez en n’étant pas le dernier à parler, cela révèle aux autres joueurs que votre main n’est pas de bonne valeur, sans quoi vous auriez misé. La position dans le tour de parole est évidente en Hold’em par exemple, car elle reste inchangée tout au long du coup. Hors, il est des variantes du Poker telles que le Stud ou le Razz où les positions varient selon la carte affichée. Dans ce type de partie, obtenir une carte gratuite au tour suivant en checkant au tour actuel peut s’avérer plus difficile.

Pour éliminer les mains plus basses si vous n’avez que la deuxième meilleure main
Lorsque vous pensez posséder la deuxième meilleure main possible du coup (main que l’on appelle aussi « second best »), nous avons vu à la leçon précédente qu’il est nécessaire de bouter hors du coup les mains inférieures. Tout est une question de probabilité de gagner. En fait, si, lors d’un coup, vous avez 30% de chances de remporter l’abattage, la meilleure main en a 50%, les deux autres moins bonnes mains ont 10% chacune de gagner le pot. Hors, en les poussant ) quitter le coup, vous améliorez vos chances de gagner le coup, qui passeront de 30 à 40%. La relance est une bonne manière d’y parvenir.

Voyons cet objectif de la relance à travers un exemple de Stud à 7 cartes. Vous possédez une paire de Roi, et vous retrouvez face à deux paires de peu de valeur. Vous supposez que les deux joueurs qui vous succèdent ont chacun un tirage à quinte. En effectuant une relance dans le but de bouter ces deux tirages à quinte hors du coup, vous vous assurez de gagner si votre paire de Roi s’améliore. Si vous n’aviez pas sortit ces deux tirages à quinte du coup et qu’ils avaient amélioré leur main, ils vous auraient battu à coup sûr. D’où l’intérêt de bouter les mains inférieures à la vôtre hors du coup.

Pour éliminer les supérieures si une main à tirage se manifeste

Voyons cette utilité de la relance directement en pratique, grâce à un exemple, encore une fois, de Stud à 7 cartes. Nous en sommes à la cinquième carte sortie. Votre main comprend une paire de dix, l’adversaire qui vous précède ouvre, vous êtes certain qu’il possède une main à tirage couleur. Les deux qui vous succèdent, quant à eux, sont très certainement propriétaire de paires, chacune supérieure à la vôtre. Ici, il est possible de relancer, dans le cas où vous jaugez que les adversaires aux paires passeront, l’enchère étant trop chère pour eux. Alors, vous seriez favori face au tirage à couleur. Avant que vous ne relanciez, celui qui détient le tirage à couleur avait une cote du pot favorable, vous la détruisez. En somme, en relançant, vous poussez les trois joueurs adverses à commettre une erreur, conformément au théoreme. En revanche, si vous pensiez que l’une des paires allait suivre votre relance, il aurait fallu vous coucher, car les trois mains, en suivant, peuvent vous battre.

Relancer, passer ou suivre ?

Nous avons vu au cours des leçons précédentes que dans une parties où plusieurs joueurs se disputent le pot, il y a trois choix possible : relancer, le meilleur des choix, suivre, le pire et passer, l’intermédiaire. Par exemple, relancer peut être le meilleur choix dans le sens où, lorsque vous possédez la second best, cela peut pousser les moins bonnes mains à se coucher d’entrée, leur évitant ainsi la possibilité d’améliorer plus tard. Mais il faut être sûr que les mains inférieures vont passer et non pas suivre. Si vous pensez qu’elles vont suivre, jeter vos mains : la probabilité d’être battue est trop forte (par celui qui ouvre et par les mains à tirages qui ont suivi) . Voyons la solution de ce dilemme pokérien dans un exemple en Poker fermé. Avant le tirage, vous possédez une paire de trois et une paire de deux, les adversaires qui vous succèdent n’ont que des paires moyennes. Votre objectif premier doit être de bouter hors du coup toutes ces paires. Simplement parce que si jamais ces paires restaient dans le coup, elles ont toutes les chances de vous battre : n’importe quelle double paire bat la vôtre. S’il vous semble qu’elles suivront malgré votre relance, inutile de rester dans le coup. Mieux vaut vous coucher.

Il est aussi plus rentable, face à un joueur qui semi-bluffe, de relancer que de suivre (dans le cas où votre main ne mérite pas d’être jetée). D’une part, cela vous permet de maîtriser le coup, d’obtenir une carte gratuite au tour d’après (et d’empêcher l’adversaire d’en obtenir une tout de suite), dans quelques cas de remporter le pot tout de suite, cela aide également à cacher votre main, pour que les adversaires croient certaines cartes menaçantes alors qu’elles ne le sont pas. Parfois il sera impossible de relancer face à un semi-bluff, alors le choix qui s’impose est de passer.

Voyons, une dernière fois, l’intérêt de la relance de semi-bluff au sein d’un exemple. Nous sommes dans une partie où il ne reste plus qu’une carte à sortir, et votre main comprend un tirage à couleur. Votre cote d’amélioration est de 4 contre 1. Le pot contient 40 euros, et après l’ouverture de 20 euros de votre adversaire, votre côte du pot s’élève à 3 contre 1 (ou 6 contre 2). Si vous êtes à l’écoute de ces éléments, cela devrez vous pousser à jeter votre main. Hors, si vous améliorez en couleur à la sortie, les cotes ne signifieraient plus rien… Voyons vos chances de gagner avec des probabilités. Prenons 100 situations en tout point identiques. En moyenne, vous ne gagnerez que 20 fois et perdrez dans 80% des cas. Au total, vous gagnerez donc 1200 euros (20×60) et en perdrez 1600 (80×20). Il est donc plus rentable de passer. Mais imaginons maintenant que vous soyez un très bon lecteur de carte, et que vous soyez certain que l’adversaire possède une paire. Dans un quart des cas, il passera si vous relancez. Alors, même si vos cotes ne vous indiquait meme pas de suivre, relancer est le meilleur des choix. Les probabilités peuvent encore une fois nous aider à comprendre. Sur 100 coups, l’adversaire va jeter sa main 25 fois et vous suivra 75 fois, dans un cinquième des cas vous améliorerez à la couleur pour le battre. En somme, vous gagnerez 1200 euros (les 60 euros du pot et les 20 de la mise adverse, et ce 15 fois). Les 60 cas restants, vous perdrez 2400 euros (60×40). Au final, sur ces 100 coups, vous compterez 2700 euros de gains et 2400 euros de pertes. Le profit net est donc de 3 euros par coup. La différence entre suivre et relancer est donc de 7euros.

On résume

Il ressort clairement que relancer est souvent une arme efficace, et ce car cela offre de nombreux avantages : bouter des adversaires hors du coup, semi-bluffer, augmenter le montant du pot, et bien d’autres encore… C’est la meilleure alternative possible lorsqu’on ne veut pas passer, et souvent relancer est bien plus rentable que suivre, qui vous conduirait à perte.